L’effet “beurk” aura-t-il raison des insectes comme substituts à la viande ?

Le dégoût généralisé du public pourrait empêcher l’émergence d’une alimentation protéinée à base de grillons, sauterelles, fourmis et autres vers de farine. Selon une étude scientifique, une large majorité de personnes sont d’accord pour essayer des substituts à la viande, mais seulement 20 % sont prêtes à manger des insectes.
Il y a bien peu de chance que les insectes nous aident à oublier la viande. “Selon une nouvelle étude, les tentatives récentes visant à encourager les gens” à manger des sauterelles, grillons et autres vers de farine sous forme de substituts protéinés à la viande “sont vouées à l’échec à cause du profond dégoût du public pour cette idée”, rapporte The Guardian.
Certes, la prise de conscience de l’effet néfaste de la consommation de produits carnés pour l’environnement, et sa contribution au changement climatique, augmente. On sait de mieux en mieux le “lourd tribut environnemental de l’élevage, l’un des principaux moteurs de la déforestation, responsable de plus de la moitié de la pollution de l’eau dans le monde”, poursuit le quotidien britannique.
D’ici à 2030, la consommation de viande pourrait être responsable de 37 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’hypothèse d’une limitation du relèvement des températures sous les 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels… et de 49 % dans le scénario à 1,5 °C, rappellent les auteurs d’une étude du journal en libre accès npj Sustainable Agriculture publiée dans Nature.
La littérature scientifique explique que les protéines à base d’insectes “sont les moins bien acceptées parmi les différents substituts de viande, derrière la viande de culture”, expliquent les chercheurs. Selon l’une des plus vastes enquêtes réalisée auprès de consommateurs en Europe et aux États-Unis, “91 % des personnes interrogées seraient prêtes à essayer des substituts végétaux à la viande, mais seulement 20 % d’entre elles envisageraient de manger des insectes”.
Outre le “facteur culturel ‘beurk’, il existe également des obstacles économiques” au développement des insectes pour l’alimentation, la plupart des entreprises de substituts de la viande “ayant décidé de se concentrer sur l’élevage d’espèces telles que la mouche soldat noire pour la consommation animale, plutôt que pour la consommation humaine”.
Dustin Crummett, coauteur de l’étude et directeur de l’Insect Institute, conclut qu’“il est difficile de changer des traditions culinaires de longue date et des réactions de dégoût profondément ancrées”.
Courrier International